NETTYS dans Tatouage Magazine 165

NETTYS dans Tatouage Magazine 165

« Mon corps est comme un petit musée d’œuvres d’art. »

Chevelure infinie, corps gravé : Nettys incarne une esthétique picturale où la gravure médiévale flirte avec le romantisme noir. Modèle photo à l’aura magnétique, elle compose des tableaux vivants, entre élégance et mystère. Derrière l’image, une tatoueuse passionnée trace ses lignes avec humilité, dans un salon lyonnais où l’art se vit à même la peau.

Texte : Miss Marvel – Photos : @angelinaphoto_

Chez Nettys, le tatouage n’est pas un choix esthétique : c’est une pulsation intime, apparue dès l’enfance. À six ans, elle fixe l’hirondelle tatouée sur l’épaule de sa grande sœur. L’image s’imprime, durable. « Très vite, j’ai su que je serais une adulte très tatouée. » Les émissions comme Ink Master, les pages de Tatouage Magazine, les réseaux sociaux… tout alimente cette obsession. Elle compile, rêve, projette. Petite, elle imagine déjà son corps comme une fresque. Et un jour, elle y arrive.

Corps en clair-obscur

À 18 ans, quatre jours après son anniversaire, elle passe à l’acte. Le premier tatouage est pensé, dessiné par une amie : une figure féminine qui protège son cœur dans une carte brisée. « J’étais très stressée, j’avais peur d’avoir mal. Mais au final, je n’ai rien senti… et un mois plus tard, j’ai repris rendez-vous. La machine était lancée. » Le deuxième incarne l’équilibre entre raison et émotion : une épée-balance encadrée d’un cerveau et d’un cœur anatomique. Les trois premiers sont réalisés par le même artiste. Puis vient le désir de collection : chaque pièce devient une œuvre signée, un fragment d’identité.

Lignée d’encre et de notes

Son nom d’artiste, Nénette, est un hommage à son arrière-grand-mère Antoinette, pianiste et compositrice qui se produisait sous le nom de Nettys. Une filiation artistique, féminine, assumée. « C’est une manière de faire vivre son héritage, tout en affirmant mon identité. » Aujourd’hui, Nettys tatoue à plein temps. Elle exerce avec bienveillance et humilité, consciente de la charge symbolique que représente chaque trait d’encre. « C’est une chance de pouvoir vivre de son art. Que toutes ces personnes me confient leurs corps, c’est très gratifiant » Son salon, La Lionne, est installé à Lyon, dans le 9e arrondissement. Fondé par son amie et collègue Drey, il incarne les valeurs qu’elle défend : écoute, respect, sororité. « Après deux salons où nous avons travaillé dans des conditions qui ne nous convenaient pas, Drey a ouvert sa propre boutique. La Lionne, c’est un lieu bienveillant, avec des miroirs immenses sur tous les murs. »

Gravures vivantes

Son style de prédilection ? La gravure. Des thèmes historiques, fantastiques, médiévaux. Une esthétique qu’elle découvre presque par accident, en tatouant un artichaut inspiré d’une vieille gravure. « En le réalisant, j’ai su que c’était ce style que je voulais pratiquer. » Aujourd’hui, elle porte plus d’une cinquantaine de pièces, réalisées par une multitude d’artistes. « Mon corps est comme un petit musée d’œuvres d’art. » Parmi ses tatouages préférés, elle cite une chevaleresse sur le tibia, un fléau médiéval en traditionnel américain, un underboob représentant deux gantelets médiévaux reliés à des pans d’architectures gothique réalisée par son amie et collègue Drey (@wdreyw), et un hommage à sa grand-mère sur la cuisse. Certains motifs sont porteurs de sens, d’autres purement décoratifs. Tous participent à une quête d’amour de soi. « Le tatouage, c’est une thérapie d’acceptation. Une manière de se réapproprier son corps, de marquer ce qui compte. » Ses choix se font souvent au coup de cœur, via Instagram. Elle sélectionne les artistes pour leur univers graphique, leur sensibilité, leur esthétique. « Les réseaux sociaux sont essentiels pour nous. C’est là qu’on trouve nos clients, nos inspirations, nos collègues. » Elle apprécie aussi se faire tatouer par ses pairs, comme Lombredumonde, avec qui elle partage une affinité artistique forte.

Peaux, regards et confidences

Avant de tatouer, Nettys dessinait déjà. Adolescente, elle remplissait ses carnets, suivait des cours, griffonnait dans ses cahiers. Le tatouage a renforcé cette pratique, l’a poussée à évoluer. « Il ne faut jamais se reposer sur ses lauriers. Il faut toujours chercher à s’améliorer. » Ce qu’elle préfère dans son métier, ce sont les relations humaines. « Certains clients me suivent depuis mes débuts. J’adore voir leurs sourires devant le miroir, quand ils découvrent le tatouage. » Elle parle aussi de ceux qui viennent pour se réconcilier avec leur corps, pour marquer une étape, pour se sentir fiers. « C’est ce qui me touche le plus. » En parallèle, elle développe son activité de modèle photo.
Une aventure née d’une séance avec une photographe lyonnaise, Angelina, devenue une amie proche. « Nous avons une grande alchimie créative. » Ensemble, elles préparent de nouveaux projets. Côté tatouage, Nettys travaille sur son premier dos complet, une pièce monumentale représentant Saint Pierre et ses sévices. Et pourquoi pas quelques guests à venir… À celles qui l’interrogent sur ses tatouages, elle donne un conseil simple et précieux : « Prends le temps de choisir le bon artiste. Sois sûre de ce que tu veux. Et n’aie pas peur de poser des questions, de demander des pauses, de déplacer le stencil. Tant que tu te sens en confiance et respectée, c’est le plus important. »

Instagram : @nettys.modele, @nenette.tattoo


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