Florence dans Tatouage Magazine 145

Révélée par l’encre

Entre Florence et le tatouage, il y a comme une évidence artistique. À voir l’assurance de cette beauté brune aux yeux de chat qui pose pour de nombreux photographes de talent, difficile d’imaginer que c’est au fur et à mesure que l’encre noire a fleuri sur sa peau, qu’elle a appris à s’aimer et s’est révélée en tant que femme et artiste. Et pourtant… Aujourd’hui vêtue d’un très esthétique habit d’encre aux inspirations graphiques multiples qui magnifie sa féminité, Florence revient sur son parcours de vie dans lequel le tatouage a joué un rôle déterminant, celui de révélateur de sa personnalité et de ses aspirations.

Texte : Miss Marvel
Photos : MehdiI Abidli – Neil Snape – The Naked Board

« Je ne pensais pas du tout alors que je me couvrirais d’encre et la Florence de l’époque serait hallucinée de me voir aujourd’hui. »

Florence
Photos : MehdiI Abidli – Neil Snape – The Naked Board

A mi-chemin entre le coup de tête et la décision mûrement réfléchie, Florence fait son premier tattoo à 18 ans. Elle accepte de se faire tatouer en même temps qu’une amie, séduite par la beauté de l’acte de marquer son corps d’un motif définitif et chargé de sens. Mais c’est elle- même qui dessine ce qui viendra orner sa peau : un monogramme formé par les initiales des prénoms de ses sœurs et le sien… sans savoir que ce premier tattoo serait le premier d’une longue série qui la mènerait à se transformer profondément : « Je ne pensais pas du tout alors que je me couvrirais d’encre et la Florence de l’époque serait hallucinée de me voir aujourd’hui. » Après une pause de 3 ans, Florence commence à se faire tatouer plus régulièrement des pièces qui prennent de plus en plus de place sur son corps à mesure qu’elle affirme ses choix artistiques et esthétiques.

J’ai dessiné mes deux premiers tattoos et j’ai parfois été assez précise sur ce que je voulais, surtout les premières années

Florence

Et l’encre avance…

Lettrage, symboles révélateurs de sa personnalité, pièces ornementales inspirées de la nature pensées pour sublimer son corps, les tattoos s’enchaînent : graphiques, ethniques, illustratifs… et souvent thérapeutiques. Toujours à l’encre noire. Florence, qui fait du design graphique, aime dessiner certains motifs quand ils s’imposent à elle ou donner des indications aux tatoueurs à qui elle confie sa peau : « J’ai dessiné mes deux premiers tattoos et j’ai parfois été assez précise sur ce que je voulais, surtout les premières années, comme par exemple pour la symétrie que je souhaitais au niveau de la pliure de mon bras. Armelle de chez Bisous bisous (@armelle_stb_tattoo) a réalisé la composition de fleurs de cerisiers et pivoines sur mon épaule gauche et le mini landscape de la baie d’Ha Long en hommage à mes origines vietnamiennes. Messmerr (@ messmerr) a fait mon bras droit avec des pivoines, les fleurs de clématites et un moineau. J’ai fait faire mes tattoos “ mots ” chez Nicolas Sautel au BlckSide Studio (@blcksidestudio). Ils sont vraiment thérapeutiques et m’ont permis d’assumer certains traits de ma personnalité (la mélancolie et la solitude), de renforcer certains traits de caractère (force et douceur) ou d’affirmer mes préceptes de vie (tolérance, délicatesse, amour). » Des étapes de vie que Florence franchit au fil de l’encre.

Je conçois mon corps comme une toile, pensant aux pièces qui vont s’ajouter, leur encombrement, leur emplacement.

Florence

Comme un besoin

Parfois, Florence ressent une envie viscérale de se faire piquer, comme un manque. Alors elle se met en quête d’un sujet. Plutôt floral ? Typo ? Ornemental ? Quel emplacement ? Et, par déformation professionnelle assumée, Florence procède comme si elle prenait la tête de la direction artistique de son corps et affine ses idées en faisant de la veille sur les pages Instagram de tatoueurs dont elle aime le style : « Même si je ne suis pas la créatrice du tatouage final, j’ai l’impression d’être dans un processus conceptuel similaire à celui que je pouvais appliquer quand j’étais D.A en agence. Les inspirations viennent de toutes parts, ça rebondit dans ma tête en précisant ma vision. Je conçois mon corps comme une toile, pensant aux pièces qui vont s’ajouter, leur encombrement, leur emplacement. Je veux qu’il y ait une véritable cohérence esthétique et artistique quand je regarde mon corps dans son ensemble ».

La rencontre

2018 est une année charnière pour Florence, à un tournant de sa vie… Tout juste sortie d’une grande relation amoureuse, il lui vient des envies de transformation dans sa vie personnelle et professionnelle. Pour marquer profondément cette remise en question et ce nouveau souffle qui l’habite, elle décide de faire une grande pièce d’encre sur sa peau. Ce sera le dos complet qui marquera le début de sa nouvelle vie : « Je cherchais sur Instagram l’artiste dont le travail me parlerait… et je suis tombée sur Aurélien Sentenza (@sentenza_tattoos). J’ai flashé sur son style et je suis allée le voir. À part quelques visuels d’inspiration, il avait carte blanche, j’aimais tellement son style que j’étais persuadée que le résultat serait magnifique. Quand on a eu fini le dos, c’est lui qui m’a proposé de continuer sur les jambes et je lui ai fait totalement confiance sur les motifs. » Une collaboration fructueuse avec son artiste-fétiche qui dure depuis plus de 3 ans…

Photos : MehdiI Abidli – Neil Snape – The Naked Board

Je ne pense pas que j’aurais eu assez d’audace en moi pour le (modeling) faire sans mes tatouages.

Florence

L’affirmation de soi

Grâce aux tatouages qui occupent de plus en plus de place sur con corps et en révèlent la féminité en magnifiant ses courbes, Florence se met à accepter des choses qu’elle n’aimait pas en elle, façonnant son image d’une manière à la fois poétique et irréversible : « L’encre m’a permis de trouver ma place par rapport aux autres, de montrer que j’existais. Mais j’ai été rapidement dépassée par la féminité que je pouvais dégager, je ne savais pas trop quoi en faire… Le tatouage m’a permis de l’assumer, comme si je portais une carapace de féminité visible sur moi ». Son habit d’encre est certainement à l’origine du cercle vertueux dans lequel se trouve aujourd’hui la belle Florence car, avec sa nouvelle assurance et sa féminité assumée, ce sont de nouvelles opportunité de carrière qui se sont présentées : « Le tatouage m’a amenée sur le chemin du modeling, ça a été une façon de m’affirmer, découvrir que ce métier aussi me plaisait et que j’avais une sorte de légitimité à le faire. Je ne pense pas que j’aurais eu assez d’audace en moi pour le faire sans mes tatouages. »

Quand on se fait tatouer il faut se laisser porter par le rituel et accepter toute la beauté du moment, jusqu’à la douleur.

Florence

La révélation

En se faisant encrer par choix artistique, esthétique et symbolique, Florence a été conquise autant par le processus créatif et les effets psychologiques que par la pratique du tatouage en elle-même : « C’est un moment lourd de sens et très beau de marquer la peau de quelqu’un à vie, il faut une vraie confiance et une connexion entre l’artiste et son client. Quand on se fait tatouer il faut se laisser porter par le rituel et accepter toute la beauté du moment, jusqu’à la douleur. Le tatouage a tellement changé ma vie qu’il était logique qu’il en fasse encore plus partie en devenant moi-même tatoueuse.» Aujourd’hui, c’est elle qui veut, à son tour, marquer la peau des autres avec ses dessins, sa sensibilité et son univers ! Alors Florence prépare sa reconversion dans le tatouage, très motivée par ce nouveau projet de vie malgré l’actuel contexte socio-économique compliqué et la difficulté de trouver un apprentissage dans un studio de tattoo. Mais son Instagram de tatoueuse en devenir est déjà là, alors allez-donc y jeter un œil !

Instagram photo : @_florenceiglesias

Instagram tattoo : @florencewilltattoo_you


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