Alex Salvador dans Tatouage Magazine 147

Beauté atypique et affirmée

Bien loin du stress urbain, c’est un dans un petit village de la voisine Belgique qu’Alex a créé son havre de paix en pleine nature, entourée de son mari et de ses animaux. Touche-à-tout à la sensibilité artistique affirmée, la Belle laisse libre cours à l’expression de sa créativité, se faisant modèle puis photographe, peintre, dessinatrice ou encore décoratrice. C’est avec cette liberté de concevoir et cette recherche de l’esthétique qu’elle a imaginé les pièces d’encre qui viennent mettre en valeur son corps et lui ont permis, au fil des années, de s’affirmer devant le regard des autres.

Miss Marvel – Photos : Alex Salvador, Zaid Jedidi / @Barbarasalome.fr

Photos : Alex Salvador, Zaid Jedidi / @Barbarasalome.fr

Une inspiration précoce

Son premier tatouage, Alex le fait le jour de ses 18 ans, très impatiente de passer sous les aiguilles. « Quand j’étais enfant, j’avais une image très concrète du genre de femme que je voulais être : grande, forte, indépendante, assurée, avec de longs cheveux noirs et un énorme dragon tatoué dans le dos. Mon fantasme du moi adulte se rapprochait assez fort du personnage de Shiryu dans Saint Seiya (Les chevaliers du zodiac). Je présume que mon envie de tatouage a pris naissance à travers ce manga car je n’ai jamais côtoyé de personnes particulièrement tatouées durant mon enfance. » Si Alex avait très envie de ce grand dragon dans le dos, c’est finalement par une petite pièce qu’elle commence pour tester sa résistance à la douleur, un œil de Ra à l’intérieur du poignet. Elle n’a alors pas de projet précis quant à ses futurs tatouages mais sent une attirance pour les grandes pièces sans trop savoir encore quand, comment ou par qui elle les fera réaliser.

Un style pluriel…

Comme pour tout ce qui touche à l’esthétique, Alex a du mal à s’enfermer dans un style particulier, appréciant beaucoup de choses différentes. « C’est exactement pareil en matière de mode, je jongle avec les styles, un jour streetwear, un jour bohême, un jour bad bitch… Malgré cela, j’ai dû me canaliser en matière de tatouage afin d’avoir quelque chose d’esthétiquement cohérent sur mon corps.» Elle réfrène certaines envies liées à des styles graphiques trop différents dans un souci d’harmonie visuelle avec les pièces qu’elle arbore déjà sur sa peau. « J’essaye de rester dans l’ornemental qui me correspond assez bien tout en me laissant une marge de manœuvre assez large. J’affectionne particulièrement le travail de Jondix (Seven Doors Tattoo London). Parfois je regrette de ne pas avoir eu dès le départ une vision globale de mon corps tatoué, à la façon d’une œuvre d’art, comme une fresque. »

… qui s’affine au fil du temps

Alex avoue avoir été très pointilleuse sur les détails et la composition de ses premiers tatouages lorsqu’elle était plus jeune, ayant un grand besoin de contrôle sur son corps et laissant peu de liberté d’expression à son tatoueur ou tatoueuse du moment. « Avec le temps j’ai appris à faire confiance, je suis capable aujourd’hui de laisser carte blanche au tatoueur en lui indiquant bien évidemment les symboles que j’aime et ceux que je refuse de voir sur mon corps. » Elle va également s’orienter vers des tatouages qui mettent en valeur une zone de son corps ou un trait de sa personnalité, en donnant juste une indication de motif ou d’effet visuel souhaité à l’artiste qu’elle choisit, le laissant libre d’interpréter avec son style, la demande initiale. « Au fil des années j’ai confié mon corps à plusieurs artistes dont Jondix, Little Tear Tattoo, Amarë, Seven Echek ou encore Alexandre Wuillot. » Des découvertes faites au hasard de la vie, sans recherche particulière et donc de vrais coups de cœur artistiques.

Photos : Alex Salvador, Zaid Jedidi / @Barbarasalome.fr

Le tatouage comme une protection…

Entre 18 et 30 ans, l’envie de tatouages d’Alex revêt un côté pulsionnel et irrépressible, quasi vital… « Ce que je percevais comme une nécessité était indiscutablement lié à un mal être corporel puisque j’ai vécu l’anorexie au début de la vingtaine et pendant presque dix ans. » Elle qui s’était toujours considérée comme une personne forte, vivait parfois mal les regards ou les réflexions sur son corps. « Le regard extérieur a toujours été particulier pour moi car je suis née avec une malformation congénitale très visible au niveau du visage (fente labio-palatine) qui a nécessité énormément d’opérations de reconstruction durant les vingt premières années de ma vie. J’ai donc depuis toujours été confrontée aux moqueries, interrogations, regards insistants… » Alex ressent le besoin d’être remarquée pour autre chose que son visage hors normes et son corps d’une extrême maigreur, et le tatouage prend alors tout son sens dans l’affirmation d’elle-même et dans le détournement de l’attention des autres. Tel un bouclier physique qui se rajoutait au bouclier mental qu’elle avait construit au fil du temps.

et une affirmation

C’est en toute indépendance qu’Alex vit donc son parcours de tatouée, décidant seule de son évolution physique, maîtresse de son apparence, sans se soucier des commentaires ou des avis de son entourage, resté heureusement assez neutre par rapport à ses choix de se faire encrer. « Certains m’ont fait part de leurs peurs pour mon avenir professionnel mais sans jamais s’interposer ou tenter de me dissuader. Comme beaucoup j’ai pu entendre des réflexions agaçantes du genre “tu étais tellement plus jolie sans tout ça” ou des avis personnels sur la perception de la beauté… mais ça n’a jamais influencé mes choix ou provoqué une quelconque honte ou gêne. Je pars du principe que je suis la seule à avoir le droit et le pouvoir de juger quoi faire de mon corps. Pas uniquement en matière de tatouage mais bien de manière globale. »

Une différence qui fait sa force

Alex commence le modeling à 18 ans, alors quasiment vierge de toute encre. Il y a 20 ans, les modèles tatouées ne couraient pas les rues et les castings… c’est donc son physique grâcieux, élégant et longiligne qui lui vaut de démarrer devant l’objectif. Des premières expériences en tant que mannequin qui lui permettent d’apprivoiser son image et d’apprécier un peu plus ce corps et ce visage avec lesquels elle est en conflit depuis si longtemps… Au fil des années et de son expérience de modèle, le tatouage prend de l’ampleur dans la société autant que dans le milieu de la mode et de la photo. « Le fait d’être encrée m’a parfois permis d’accéder à certains contrats ou certaines collaborations intéressantes. C’est d’ailleurs assez amusant de constater qu’en tant que photographe, j’ai du mal à travailler avec des modèles tatoué(e)s, peut- être à cause de l’effet de mode. J’aime pouvoir modeler leur image sans être parasitée par leurs tatouages. » Un paradoxe plutôt intéressant…

À l’écoute de ses envies

L’attrait d’Alex pour le tatouage arrivant par vagues, il lui est arrivé de rester plusieurs années sans ressentir l’envie de se faire piquer une nouvelle pièce tout comme de se faire tatouer plusieurs fois à quelques mois d’intervalle. Une fréquence qui s’explique aussi par une gestion de la douleur devenue de plus en plus compliquée au fur et à mesure du temps, son corps supportant de plus en plus mal même une session de trois heures à peine. « Aujourd’hui mon seul projet d’encre à venir est de me faire tatouer en Corée du Sud lors de mon prochain séjour afin de garder cela comme un souvenir et en même temps un talisman. »

Instagram – page de modèle : @alexx_salvador

Instagram – page de photographe : @inner_eye_pictures


Tatouage Magazine 147

En kiosque !

Article ajouté au panier
0 Produit - 0,00