Rencontre Mara dans Tatouage Magazine 148

Mara, le tatouage sublimé aux quatre coins du globe

Mara est une tatouée nomade dont le rythme de vie laisse rêveur. Tantôt serveuse, barmaid, enseignante et modèle photo, elle arbore ses tatouages aux quatre coins du monde. Du haut de ses 31 ans, elle a parcouru de nombreux pays, du Japon à l’Australie en passant par l’Inde. C‘est au milieu de paysages fantastiques qu’elle s’adonne à ses passions que sont la photo, le dessin et la littérature. Mara a coutume de dire qu’une passion n’existe pas sans l’autre, c’est ce qu’elle nous explique aujourd’hui. Nous vous partageons aujourd’hui, l’histoire de cette globe-trotteuse tatouée.

Texte : Obeyingthemoon – Photos : Dangeltangerine – Narkildo_photo – Francesco Tosi

Pour l’amour des corps

Mara est une grande passionnée de photographie, qu’elle voit comme un moyen d’expression « je trouve que beaucoup de gens sont exigeants avec leur corps. Je ne comprends pas l’intolérance de certaines personnes vis-à-vis de lui : c’est quelque chose qui fascine et qui fait beaucoup parler. Pourtant, tout le monde en possède un. Alors pourquoi être choqué par la différence et la nudité ? ». En focalisant ses photos sur du nu, c’est une démarche de dédramatisation du corps qu’entame la jeune femme : « avant je m’intéressais surtout à la photo de mode éditoriale, aujourd’hui je préfère quelque chose de brut, sans artifices, qui montre l’humain tel qu’il est. » C’est de cet amour des corps que naît la passion du tatouage chez Mara. Peut-on aimer l’encre sans aimer les peaux sur lesquelles elles se gravent ? C’est à 23 ans qu’elle se lance : « je venais de commencer mon CDI dans un pub, ce travail me permettait de travailler sans avoir à cacher des éventuels tatouages. J’ai donc commencé directement par une manchette Mucha, cet artiste tchèque que j’affectionne particulièrement ».

Le tatouage qui sublime

Mara a toujours été fascinée par les visages et les corps marqués. Adolescente, elle développe un certain attrait pour le tatouage et commence à faire des recherches sur cette pratique ancestrale : « j’y ai découvert les femmes berbères du Nord de l’Afrique, les indiennes Rabari du Gujarat et aussi Whand-od Oggay aux Philippes, une des matriarches du tatouage. » Ce sont toutes ces femmes qui l’inspirent au quotidien. La plupart des tatouages qu’elle possède sont des grosses pièces en noir et gris ou en couleurs : « ils sont là pour embellir la toile qu’est mon corps. » Le tatouage, Mara l’utilise pour s’exprimer, comme elle le ferait avec la danse ou le théâtre : « à chaque nouvelle pièce je découvre un peu plus qui je suis réellement. »

Mara s’est fait encrer par de nombreux tatoueurs : Zouz (@zouz.ttt) et RémyB (@remybtattoo) ainsi que Mellegee (@mellegee) à Marseille. Elle a également côtoyé les aiguilles de Francis Noir (@Francis_noir) en Italie et celles de Tierno (@tierno.bcn) à Barcelone pour une très grande pièce : « on a réalisé mon dos sur 36 heures en une semaine durant l’été 2021. C’est un artiste passionné incroyable et d’une grande humilité. » Son premier tatouage a été réalisé par Claire de Saili’On Tattoo (@claire_sailinon) à Marseille en 2013 : « je cherchais un.e artiste qui avait déjà tatoué du Mucha. Claire est pleine de talent, c’est une tatoueuse qui aime raconter des histoires à travers ses projets. » Ce tatouage est un hommage à la femme « les personnages féminins de Mucha sont belles, vivantes et libres : tout ce que j’admire ». La jeune femme aime particulièrement se faire encrer dans un style géométrique et botanique. Dans ses tatouages, il y a deux thèmes récurrents : l’art et la nature, les deux choses sans lesquelles elle ne s’imagine pas vivre. Mais au fur et à mesure de ses rencontres et de ses voyages, sa vision du tatouage évolue. Elle sait aujourd’hui qu’elle finira avec le corps entièrement tatoué.

La liberté avant tout

La liberté qu’incarne le premier tatouage de Mara se retranscrit dans son mode de vie : celui d’une nomade qui se laisse porter par ses rencontres. Une vie qui va à l’encontre de son éducation : « j’ai été élevée dans une famille conservatrice et la vision du corps que l’on m’a donné ne me correspondait pas, elle n’était pas assez libre pour moi. » A travers le tatouage, Mara redéfini cette éducation : « quand on cherche aujourd’hui à débattre sur mon corps tatoué en me disant que ce n’est pas féminin, je ne fais plus attention. Ce genre de commentaire relève de l’ignorance et des préjugés, c’est une forme de violence : mon corps n’est pas ouvert à débat »

La pièce qu’elle préfère dans celles qui la sublime, c’est celle de Claire (@claire_sailinon) sur sa cuisse gauche : « il s’agit d’Ulysse attaché au mat d’un navire en train d’écouter les sirènes qui cherchent à le rendre fou. Je me retrouve dans cette image du voyageur qui continue son chemin vers la liberté sans se laisser influencer. » Pour la jeune femme, le tatouage est un symbole qui représente cette liberté. C’est la preuve ultime que l’on dispose de son corps sans écouter les injonctions des autres : patron, famille ou compagnon.

Des projets, Mara en a beaucoup. Elle continue à parcourir le monde qui lui réserve encore de belles surprises : « je veux tout voir et ne jamais arrêter d’être éblouie ». C’est tout ce que nous lui souhaitons, de nombreuses rencontres et voyages sous le thème de la liberté et des corps sublimés !

Instagram : @mara_gelato


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